Le taijiquan du style Chen se divise en deux variantes, l'ancienne et la nouvelle. La première, créée par Chen Wangting au début de la dynastie des Qing (1644-1911), comprend cinq enchaînements (appelés également "Treize Positions"), une série d'exercices de changquan (boxes à longue portée) en 108 positions et une série d'exercices de paochu i (coups de poing violents). En profitant des riches expériences accumulées durant 300 ans depuis Chen Wangting, on a amélioré et perfectionné la boxe d'origine pour former les deux premiers enchaînements de la boxe de style Chen, très répandus à la fin du siècle dernier et au début de notre siècle. Ces deux enchaînements, composés avec soin, sont différents l'un de l'autre quant à la vitesse et à l'intensité; il en est de même pour les mouvements du corps, l'emploi de la force physique et les techniques, mais ils suivent tous deux les mêmes principes d'avancer par étapes et d'associer fermeté et souplesse.
Le premier enchaînement comprend 83 mouvements, dont la caractéristique est:
Le deuxième enchaînement, appelé initialement pao¬chui (coups de poing violents), comprend 71 mouvements.
La nouvelle boxe de style Chen comprend aussi deux enchaînements dont l'un fut créé par Chen Youben, maître du village de Chenjiagou. L'ordre des mouvements est le même que celui de l'ancienne boxe, mais la position est plus petite, les rotations moins larges et les mouvements moins difficiles. Les gens du village de Chenjiagou appellent la nouvelle boxe "boxe du petit cercle" et l'ancienne "boxe du grand cercle". Héritier de la nouvelle boxe, Chen Xin écrivit un livre intitulé Le taijiqual1 de style Chen illustré, dans lequel il énonce les expériences accumulées par la famille Chen. L'autre enchaînement de la nouvelle boxe, composé par Chen Qingping, disciple de Chen youben, se caractérise par la continuité et la douceur des mouvements. Le praticien peut exécuter cet enchaînement de manière plus compliquée avec des rotations plus larges quand il maîtrise les techniques de base. Du fait que cet enchaînenlcnt s'est répandu d'abord du bourg de Zhaobao, district de Wenxian, province du Henan, on le nomme "série de Zhaobao".
Le taijiquan de style Chen est l'une des plus anciennes boxes. Quant aux autres styles (Yang, Wû, Wu et Sun), ils dérivent du style Chen.
Le créateur du taijiquan de style Yang est Yang Luchan (1800-1873), né dans le district de Yongnian, province du Hebei. Sa famille étant pauvre, Yang Luchan fut vendu comme enfant ¬serviteur à Chen Dehu du village de Chenjiagou. En servant le maître Chen Changxing, Yang apprit la boxe. Adulte, de retour dans son pays natal, il se mit à enseigner le taijiquan. Les gens de Yongnian qualifiaient sa boxe de "boxe du brocart" ou "boxe douce". Plus tard, il revint à Beijing pour initier beaucoup d'aristocrates des Qing. Désirant rendre la boxe plus accessible aux gens ordinaires, il supprima des mouvements difficiles, tels que libération de l'énergie, saut et piétinement. Son fils en fit la révision et la transforma en une boxe praticable en position moyenne. Son petit-fils Yang Chengfu la remit au point et finit par créer la boxe de style Yang en grande position. Simple et facile à apprendre, elle est devenue le taijiquan de style Yang, la plus populaire à nos jours. Ces Yang de trois générations jouissaient d'une grande renommée à Beijing. Après 1923, Yang Chengfu enseigna la boxe à Nanjing, Shanghai, Hangzhou, Guangzhou et Hankou et sa boxe se répandait dans les grandes villes du pays. La boxe de style Yang se distingue par ses mouvements simples et larges, doux, légers et naturels. Les praticiens doivent commencer par des mouvements doux, puis passer aux mouvements fermes pour faire montre de grâce et d'esthétique. Les positions à prendre ont trois niveaux: haut, moyen et bas. Les débutants peuvent réajuster leurs forces physiques de façon appropriée et en accord avec leur âge, sexe, constitution et technique. Par conséquent, la pratique de la boxe de style Yang permet de guérir des maladies, préserver la santé, fortifier la constitution physique et améliorer le niveau technique.
Le créateur du taijiquan de style Wû est Quan You (1834-1900), un hornme mandchou, originaire du district de Daxing (relevant de l'actuelle municipalité de Beijing), province du Hebei. il apprit d'abord le taijiquande style Yang en grande position auprès de Yang Luchan, puis la boxe en petite position auprès de Yang Banhou, deuxième fils de Yang Luchan. Quan You était célèbre pour son jeu d'assouplissement. Jianquan, fils de Quan You, changea son nom de famille en Wû, et s'appelait Wû Jianquan (1870-1942) en se considérant comme membre de l'ethnie Han. Héritier de la boxe en petite position, Jianquan savait la pratiquer avec justesse et exécuter des mouvements circulaires. Les gestes aisés et naturels s'enchaînent parfaitement et sont dépourvus de sauts ou de bonds, gagnant ainsi une grande popularité. ·WÙ Jianquan donna des cours de boxe à Beijing et s'installa enfin à Shanghai ou il mit sur pied un club du Taijiquanportant son nom.
Cette boxe fut créée par Wu Yuxiang (1812-1880), né dans le district de Yongnian, province du Hebei. Il s'initia au taijiquan grâce à Yang Luchan. Plus tard, il l'apprit auprès de Chen Qingping. Après avoir bien étudié l'ouvrage A propos du taijiquan de Wang Zongyue, il résuma ses expériences personnelles en "dix points essentiels sur les mouvements du corps" et rédigea deux ouvrages: Points principaux sur la poussée des mains et Formule en quatre mots: utiliser l'énergie, bloquer l'attaque, contre-attaquer et engloutir, qui sont devenus les classiques du taijiquan et de la poussée des mains. Li Yishe, neveu de Wu Yuxiang et héritier du taijiquan de style Wu, écrivit lui aussi trois ouvrages: Formule en cinq mots, Formule secrète sur la poussée des mains: soulever, guider, relâcher et libérer, ainsi que Points essentiels sur la marche et la poussée des mains. Le Taijiquan de style Wu se caractérise par sa technique rigoureuse, positions bien conçues, mouvements doux, distinction nette entre les pas "vides et les pas pleins". Lors de la pratique, il faut maintenir la poitrine et l'abdomen droits, que ce soit pour avancer, reculer ou tourner, et diriger les mouvements du corps avec l'énergie vitale. Cela permet de passer facilement du vide au plein ou du plein au vide". Quand les mains sont tendues, elles ne doivent pas dépasser la pointe du pied.
Le fondateur du taijiquan de style Sun est Sun Lutang (1861-1932), né dans le district de Dingxian, province du Hebei. Passionné pour le wushu, il apprit tout d'abord le xingyiquan (boxe de forme et esprit), puis le baguazhang (boxe bagua ). Une pratique inlassable et sérieuse lui permit de les maîtriser. Il commença à apprendre le taijiquan au début de la République chinoise (1911-1949) et sut réunir le meilleur des différentes écoles de boxe pour créer un nouveau style de taijiquan et rédiger un livre intitulé Art du taijiquan. Son style se distingue par les mouvements d'avance et de recul naturels, doux et simples. Dans la plupart des cas, on exécute des pas d'ouverture et de fermeture avant de changer d'orientation. La boxe est donc connue sous le nom de "taijiquan accompagné de pas libres d'ouverture et de fermeture".
Bien que les cinq principales écoles du taijiquan susmentionnées diffèrent les unes des autres en style comme en positions, la composition et l'ordre des mouvements enchaînés est similaire et leur histoire respective claire. Le taijiquan vise non seulement à renforcer la santé et à prolonger la vie, mais encore est un moyen de défense et d'attaque. Mis à part la boxe proprement dite, il y a encore des exercices de poussée des mains et des jeux d'armes, telles que l'épée taiji, le sabre taiji et la lance taiji.
Dans la pratique, on prend souvent des positions stables et aisées, et exécute des mouvements souples et larges, conformément à la physiologie du corps humain. Il n'y a guère de mouvements de montée ou de descente brusques, ni de bonds ou de sauts. Après une ou deux séances d'exercices, on peut transpirer sans excès et éprouver un sentiment de bien-être et de gaieté indescriptible. Le taijiquan convient aux gens de tous âges, tous sexes et toutes conditions physiques, en particulier à ceux qui ont une santé fragile ou atteints de maladies chroniques.
Les mouvements du taijiquan, de l'ouverture et la fermeture", sont enchaînés sans aucun arrêt. Ils se pratiquent à une vitesse régulière et de façon coordonnée comme courent les nuages et coule l'eau.
Différent des autres boxes, le Taijiquan exige que le praticien exécute les mouvements des membres supérieurs en suivant une trajectoire en arc de cercle et non en ligne droite, parce que les articulations des membres sont fléchies naturellement. C'est pour cela qu'on nomme le taijiquan "sport rond". Les mouvements circulaires, naturels et doux aident au développement équilibré de toutes les parties du corps.
Qu'il s'agisse des mouvements enchaînés ou des gestes séparés, le praticien doit coordonner les différentes parties du corps pour assurer un accord parfait entre les membres supérieurs et inférieurs, entre l'intérieur (conscience, respiration) et l'extérieur (mouvements du tronc et des quatre membres). Tous les mouvements partent de la taille comme autour d'un axe. Le tronc et les membres sont coordonnés.